« Pour moi, un système c’est quelque chose qui part d’en haut. Est-ce qu’il y a quelque chose qui part d’en haut et qui est communiqué partout dans le réseau de la santé pour que le personnel soit discriminatoire? C’est non[1] ». Ceci est l’explication que notre cher Premier ministre, Père de notre Nation Québécoise a donné lors d’une interrogation sur la problématique du racisme systémique envers les autochtones. Mais attendez! Legault n’est pas complètement ignorant du racisme envers les Autochtones plus que présent au Québec. Il explique les inégalités et l’exploitation continuelle des peuples autochtones comme étant : « […] [des] relents de notre passé continuent d’exister sous formes de discrimination envers les Autochtones[2]». Cela dit, il affirme que notre « nation québécoise est ouverte. Elle n’est pas raciste[3] ». Pourtant, le racisme semble bien exister au Québec, non? Nous ne pouvons certainement pas nier l’existence d’individus racistes au Québec. M. Legault a totalement raison sur ce point. Néanmoins, un enfant n’est pas né raciste ni né fier de sa nation québécoise. Par contre, les deux se développent grâce à l’apprentissage. Après tout, ne sommes-nous pas le produit de la société dont nous faisons partie?
Ce n’est pas un secret que les Québécois sont des gens fiers. Les Québécois sont fiers, fiers de leur langue, fiers de leur culture, fiers de leur belle province, mais surtout fiers de leur résilience[4]. Prenons un instant pour souligner que la culture québécoise est basée sur plusieurs formes d’appropriation culturelle. Nous nous déclarons unique comme peuple, mais notre culture est remplie de manifestations d’appropriation culturelle des Peuples Autochtones. Notre langue n’est pas native du Canada. Plusieurs de nos villes et de nos rivières portent des noms d’origine autochtones. Après tout, le nom de notre province, « Québec », provient du mot algonquin signifiant « passage étroit » ou « détroit ». Néanmoins, notre langue est protégée par la Charte de la langue Française (Loi 101), une loi qui dicte que le français est la langue officielle de l’État et des tribunaux au Québec[5]. C’est le cas au travail, dans l’enseignement, dans les communications, dans le commerce et les affaires. Comme mentionné, les Québécois sont aussi fiers de la beauté naturelle de leur province avec sa flore abondante et sa faune diversifiée. Par contre, notre belle province est aussi un vaste territoire de terres non-cédées par les Peuples Autochtones.
Le savant, Patrick Wolfe, dirait que notre fierté québécoise est avant tout la manifestation de la logique d’élimination[6]. En d’autres mots, l’invasion coloniale n’est pas un évènement mais une structure, une structure qui vise à l’effacement des Peuples Autochtones. Cette structure justifie la prise de territoire, l’oppression des peuples, l’exploitation de ressources, une logique inspirée d’un esprit occidental. Dans le cas du Québec, l’effacement se fait à travers de l’affirmation du peuple québécois comme Nation distincte. Cette structure, notre Nation, triomphe grâce à l’oppression des Peuples autochtones au Québec. Cette oppression limite les capacités des Peuples Autochtones à développer les leurs et d’exprimer leurs expériences.
En addition, « après le territoire, la langue est un facteur identitaire de première importance »[7] Entre autres, 77,04% des résidents de communautés Premières Nations et Inuits déclarent une langue maternelle autre que le français, soit une langue autochtone, une source d’enjeux majeurs pour les autochtones au Québec. D’ailleurs, le décrochage scolaire atteint des niveaux inquiétants auprès des peuples autochtones[8]. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène. En effet, l’intimidation, la discrimination ainsi que le manque de matières correspondants aux savoirs traditionnels autochtones n’en sont qu’une partie. De plus, la langue d’enseignement dans la grande majorité des institutions éducatives au Québec est le Français. La langue crée aussi un problème pour les Peuples Autochtones au niveau du marché de travail. Le français crée un barrage linguistique qui contribue au taux deux fois plus élevé de chômage du côté des Premières Nations[9]. Au Québec les gens ont l’obligation de parler en français pour avoir les mêmes privilèges et ils doivent se conformer à la culture québécoise. Malgré les articles 87 et 97 qui exemptent les communautés autochtones de son application, le français contribue à leur marginalisation[10]. De plus, cette exemption, malgré qu’elle vise à aider les communautés autochtones, ne favorise pas l’inclusion ni la reconnaissance des langues ou des cultures autochtones. En d’autres mots, la législation et les services publiques ne sont pas inclusifs des réalités diverses des peuples autochtones. Brièvement, les institutions sont faites à l’image de la société majoritaire ce qui crée des conditions dérivant de la logique de discrimination ou de racisme systémique. Les réseaux du Québec que ce soit le réseau de santé, scolaire, public, législatif privilégient tous les normes de la culture majoritaire par un traitement différent et désavantageux de ceux n’en étant pas issus comme les peuples autochtones[11]. La langue est qu’un exemple parmi d’autre qui permet de contextualiser cette réalité discriminatoire.
En surcroit, il faut souligner notre cher Ministre des Affaires autochtones, Ian Lafrenière un ancien policier allochtone et représentant électoral du district de Vachon. Qui de mieux pour représenter les Affaires Autochtones qu’un allochtone qui ne connait guère la réalité d’un citoyen autochtone vivant au Québec? De plus, il ne faut pas oublier la fameuse réforme du curriculum du cours ECR au Québec. En effet, dans la déclaration du nouveau programme Culture et citoyenneté québécoise, le ministre des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, aurait déclaré que le programme d’études avait été élaboré en consultation avec des représentants des communautés des Premières Nations et des Inuits[12]. Pourtant, le Conseil en Éducation des Premières Nations (CEPN) déclare que les Autochtones risquent fort d’être des victimes du néant et de l’oublie dans ce nouveau curriculum scolaire qui prône le nationalisme québécois[13]. Il est facile pour M. Lafrenière de déclarer la consultation inclusive, mais si ces consultations n’ont pas été prises en compte, à quoi peuvent-elles bien servir? Est-ce une autre manifestation de piètres efforts de la part de notre gouvernement visant à inclure les Autochtones? Ou est-ce réellement une stratégie politique qui vise l’apaisement des manifestants revendiquant la justice des Peuples Autochtones? Est-ce une manière pour le gouvernement de simuler des tentatives d’inclusion afin de mieux cacher la marginalisation qu’il impose aux Peuples Autochtones ?
Bref, l’affirmation de la Nation québécoise comme distincte et unique dérive du besoin de justifier son droit d’invasion colonial, ainsi que l’effacement des peuples autochtones. La réalité est que la province est majoritairement des terres non-cédées. De plus, l’imposition de la langue française au sein de l’entièreté des institutions est une manifestation de l’affirmation que la Nation québécoise est le produit du colonialisme donc de l’effacement et l’oppression des Peuples Autochtones du Québec. Les langues ne sont pas des objets neutres[14]. Le français est dominant dans la culture québécoise donc le facteur dominant à l’oppression des peuples autochtones. De plus, le manque de représentation inclusive et consultation fructueux et intégré est une problématique grave. Finalement, cette fierté québécoise est présente dans l’entièreté de notre système, de notre société québécoise. Malheureusement, cette même fierté fait preuve de racisme systémique au Québec. Après tout, « la définition de systémique est quelque chose de relatif à un système dans son ensemble[15] » n’est-ce pas, M. Legault? Cela me mène à ma dernière question pour vous Monsieur Legault: Êtes -vous ignorant par choix ou êtes-vous ignorant parce qu’admettre que votre belle Nation québécoise a été construite sur l’exploitation et l’abus continuelles des Peuples Autochtones nuirait à votre fierté ?
Édité par Kamil Ez-zikhe