Lors de l’élection présidentielle américaine tenue le 5 novembre 2024, Donald Trump, le candidat du Parti republicain, a été élu 47ème président des États-Unis. Ainsi, il remporte l’élection face à Kamala Harris, vice-présidente actuelle du Gouvernement américain et candidate du parti démocrate. Précédent Biden, Trump était le 45ème président des États-Unis. Ce résultat était très anticipé, car jusqu’à l’élection, aucun des deux candidats ne devançait son adversaire dans les sondages. Cette élection est toujours suivie de près par le monde entier, puisque cette nation est la première puissance mondiale, tant économiquement que politiquement. De cette façon, les idées du Parti qui dirige son gouvernement et ses politiques ont un impact considérable au-delà des frontières nationales.
Aux États-Unis, l’élection présidentielle est déterminée par un vote populaire des grands électeurs tenue à l’échelle provinciale. Ces derniers, au nombre de 538, composent le collège électoral des États-Unis qui procède au vote direct du président, distinct du vote populaire. Les États, chacun libre d’établir la méthode électorale la plus convenable, ont tous adopté le système de winner-takes-all, soit “le vainqueur prend tout”, à l’exception du Maine et du Nebraska. Dans ce régime électoral, tous les grands électeurs élus appartiennent au parti qui remporte une majorité des voies, et ce, par État. Chacun de ces États est doté d’un certain nombre de grands électeurs qui se veut proportionnel à la population de l’État. De cette façon, les États n’ont pas tous le même poids dans l’élection présidentielle. 95% des votes étant comptabilisés à l’heure actuelle, Trump obtient 312 votes de grands électeurs contre 226 pour Harris. Pourtant, en agrégeant les votes à l’échelle nationale, dans ce que l’on appelle le vote populaire, Trump en remporte 74,708,357, tandis que la vice-présidente actuelle en compte 70,979,779. Ces chiffres permettent de mettre en lumière la complexité du système électoral américain, la proportion de votes à l’échelle nationale étant bien distincte de la proportion de grands électeurs.
L’enjeu majeur, tout au long des campagnes électorales, était le résultat de vote des swing states, les États dans lesquels la majorité n’est pas suffisamment marquée pour déterminer un gagnant en avance. Dans les autres États, l’élection est en quelque sorte jouée d’avance. Ils sont soit bleus, avec une majorité des voies démocratiques ; soit rouges, tendant, à l’inverse, à voter pour les Républicains. Cette catégorisation a un caractère historique puisque le comportement de vote des populations de chaque État tend à résister à l’épreuve du temps. De ce fait, ce sont les États dits pivots dans lesquels se déroulaient la véritable lutte entre les partis démocrate et républicain lors des élections.
Mais alors, que signifie cette élection pour le reste du monde ? Il faut savoir que le parti Républicain aux États-Unis est associé de manière générale à des idées conservatrices et d’extrême droite, ce qui leur confère des liens étroits avec les partis de pays étrangers partageant les mêmes idées. Des craintes de montée ou de retour de l’extrême droite circulent selon les régions du monde. Au Brésil, par exemple, un retour de Bolsonaro, après sa période d’inéligibilité qui s’achèvera en 2030, est envisagé voire espéré par certains. En Europe, une montée de l’extrême droite est déjà observée avec l’élection législative de 2024, avec une obtention de près d’un quart des sièges au Parlement européen.
Outre des influences sur les opinions politiques à l’étranger, l’accès des Républicains au pouvoir implique l’application de certaines politiques du programme du futur président qui auraient des implications d’ampleur globale. En effet, certaines mesures prévues par Trump en rapport avec l’écologie pourraient avoir des effets irréversibles sur l’environnement qui inquiètent la communauté internationale. Trump compte retirer son pays des accords de Paris, comme lors de son précédent mandat, et enlever des restrictions sur la production et l’utilisation d’énergies fossiles. Plus spécifiquement, Trump prévoit de déréguler les secteurs gaziers et pétroliers de l’économie américaine. Or, les États-Unis constituent le 2ème plus gros émetteur de gaz à effet de serre et la limitation de ses émissions représente un enjeu écologique majeur. L’absence de contribution d’un pays avec autant d’activité polluante à la réduction des émissions de carbone pourrait retarder, voire condamner, l’atteinte de certains objectifs cruciaux ayant été déterminés par les experts du climat.
Le projet économique du 47ème président américain compte une mise en place de taxes plus élevées sur les importations, appelées droits de douane, augmentant ainsi les prix des produits importés au sein de la première puissance économique mondiale. De cette façon, ils seraient moins compétitifs que les biens et services produits sur le territoire et l’exportation d’un bien vers les États-Unis reviendrait plus cher. Les économies étrangères, dont le PIB peut dépendre grandement d’exportations vers les États-Unis, pourraient pâtir de telles barrières à l’échange. Trump prévoit une augmentation de ces taxes entre 10 et 20%, tandis que la Chine serait assujettie à des droits de douane de 60%. Ainsi, les relations économiques avec les États-Unis varient d’un pays à l’autre. Cela signifie que le vainqueur de l’élection présidentielle souhaite utiliser les droits de douane comme un instrument de négociation dans le cadre des relations internationales, tout en augmentant les recettes fiscales. Dans les faits, ces mesures économiques protectionnistes risquent de causer des pertes de PIB et de mettre un frein à la croissance économique des États-Unis ainsi qu’à celle des pays exportateurs. Effectivement, ils profiteraient mutuellement de relations économiques basées sur le libre-échange en l’absence de droits de douane, comme le veut la théorie économique.
En ce qui concerne les conflits géopolitiques actuels, Trump souhaite apporter un soutien inébranlable à Israël qui continue ses attaques sur la population palestinienne de la Bande de Gaza. De plus, le futur président promet de trouver un accord avec Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre en Ukraine, entretenant des relations soi-disant privilégiées avec le dirigeant russe. Sa politique d’immigration affecte aussi les puissances étrangères puisqu’il compte remettre en place le “Muslim Ban”, interdisant aux ressortissants de pays avec une majorité démographique Musulman d’obtenir des visas américains. Trump souhaite également déporter les étrangers en masse, jusqu’à 20 millions de personnes.
Au vu des promesses électorales du candidat Américain, son élection pourrait représenter un réel danger pour le monde entier, et non uniquement pour ses citoyens. Effectivement, il ne prévoit pas de protéger l’environnement adéquatement et la situation economique de ses principaux partenaires commerciaux pourrait se dégrader. Plus inquiétant encore, sa victoire aux élections présidentielles augure une montée incontestable de la droite nationaliste au pouvoir dans d’autres régions du monde.
Éditée par Yara Daher.
Cet article a été écrit par un membre de l’équipe rédactionnelle. Catalyst est une plateforme dirigée par des étudiants qui favorise l’engagement avec les enjeux mondiaux dans une perspective d’apprentissage. Les opinions exprimées ci-dessus ne reflètent pas nécessairement les points de vue de la publication.