L’intelligence artificielle : va-t-elle révolutionner le développement durable?
Publiée le 3 mars 2017, par Luca Bravo, sous licence Unsplash, Aucun changement n'est effectué

L’intelligence artificielle : va-t-elle révolutionner le développement durable?

Tout d’abord, qu’est-ce que l’intelligence artificielle (IA) ? Ce terme, introduit par John McCarthy en 1955, désigne la capacité des machines à simuler l’intelligence humaine. Elles accomplissent cela grâce à des systèmes informatiques dotés d’algorithmes avancés. L’IA se fonde sur l’analyse de vastes ensembles de données, ce qui lui permet d’analyser des tendances, d’anticiper des évènements, ou encore d’optimiser les prises de décisions. 

Il existe divers types d’intelligence artificielle, dont les IA génératives, qui créent du contenu, et les IA prédictives, qui servent à anticiper certains phénomènes. Avec les progrès récents dans le domaine de l’IA, cette technologie prometteuse ouvre la voie à de nouvelles opportunités  pour le développement durable. Cela inclut la gestion optimisée des ressources naturelles, le soutien à la transition énergétique, et des initiatives contre le changement climatique. Néanmoins, l’IA doit également relever des défis environnementaux cruciaux.

Les contributions de l’intelligence artificielle au développement durable

L’une des principales contributions  de l’IA au développement durable est sa capacité à protéger  l’environnement et à gérer le  changement climatique. Par exemple, GraphCast, un modèle développé par Google DeepMind, prédit la météo et les phénomènes météorologiques, y compris les inondations, avec davantage de précision. Cet outil digital analyse des données climatiques, météorologiques et topographiques pour anticiper les risques d’inondation, permettant ainsi d’alerter à l’avance les populations susceptibles d’être affectées, sauvant des vies et limitant les dégâts matériels. En 2023, notamment, GraphCast a anticipé l’ouragan Otis au Mexique avec plus de précision que les systèmes classiques, offrant un temps de réaction supplémentaire aux autorités. De manière générale, cet outil prédit la météo précisément avec 10 jours d’avance. Il a été démontré que cette IA dépasse les performances du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF), le système conventionnel le plus performant.

 

De plus, les avancées en IA permettent de mesurer, d’analyser et de prédire des indicateurs environnementaux. En Afrique du Sud, une initiative soutenue  par le Centre de recherche pour le développement international (CRDI) dans le cadre du projet AI4D exploite un réseau de fibres optiques afin de maximiser la portée de capteurs de qualité de l’air. Ces appareils fonctionnant grâce à l’IA nommée AI_r et introduits en 2023, permettent des mesures en temps réel et à un coût très réduit : chacun coûtant seulement  100 dollars par capteur, ce qui rend le dispositif accessible et rentable. 

Certaines IA, comme celle développée par Grid Edge sont les pionnières de la transition énergétique. Elle tend à optimiser la gestion des énergies renouvelables à l’échelle de bâtiments. Ces systèmes analysent en temps réel la production et la consommation d’énergie, facilitant l’intégration de sources d’énergie renouvelables comme l’éolien et le solaire dans les réseaux électriques, ce qui peut réduire le gaspillage d’énergie et économiser jusqu’à 20% d’énergie pour les utilisateurs. 

L’IA joue également un rôle crucial dans la durabilité de l’agriculture. PlantVillage, par exemple, utilise l’IA pour détecter les maladies des cultures agricoles, les insectes nuisibles et les parasites ainsi que les effets nocifs du climat, pour assurer de bonnes récoltes et la sécurité alimentaire dans les régions menacées par des famines, comme en Afrique.

Il existe de nombreux autres projets où  l’IA est utilisée pour améliorer la protection de l’environnement, faciliter la transition énergétique, protéger les cultures agricoles, prévenir les catastrophes naturelles, prédire la météo, et optimiser la gestion de l’énergie. L’IA vise également à améliorer les modes de vie  en développant des villes intelligentes et des transports durables. 

Des défis liés à l’intelligence artificielle ?

Bien que l’IA soit un outil précieux  pour le développement durable, elle présente également un  impact écologique significatif. En effet, une étude de l’Université du Massachusetts en 2019 a révélé que que l’entraînement d’un modèle d’IA peut émettre jusqu’à cinq fois plus de gaz à effet de serre que ce qu’émet une voiture tout au long de sa durée de vie. Par ailleurs, hors crypto-monnaies, les centres de données ont consommé environ 1% de l’électricité mondiale utilisée en 2021. Pour pallier ce problème, Google DeepMind a développé une IA pour optimiser le refroidissement des serveurs en exploitant  des données en temps réel, réduisant ainsi de 40% l’énergie nécessaire pour cette fonction.

Au-delà de l’empreinte écologique, l’IA soulève des problèmes plus généraux liés au numérique et à l’Internet, tels que  la confidentialité de données, les menaces de cybersécurité, et de perte potentielle d’emplois. Effectivement, l’IA pourrait remplacer certains postes traditionnellement occupés par des humains, comme les programmeurs ou les comptables, transformant radicalement certaines professions et augmentant les taux de chômage, en particulier pour celles nécessitant un niveau d’éducation élevé. Concernant les implications éthiques et politiques, le lancement récent de l’IA chinoise DeepSeek a soulevé des inquiétudes en matière de  censure, notamment parce que  le chatbot est conçu pour éviter des sujets sensibles pour Beijing, tels que Taiwan et Tiananmen Square. Néanmoins, cette IA est unique car ses algorithmes sont open-source, ce qui facilite la recherche et le développement dans le domaine. 

Quel avenir pour l’IA au service du développement durable ?

Il est indéniable que l’intelligence artificielle représente une formidable opportunité pour accélérer la transition vers un monde plus durable. Ses applications, allant de la gestion de l’énergie renouvelable à l’optimisation des ressources naturelles, en passant par la protection de l’environnement et la lutte contre les catastrophes climatiques, sont diverses et porteuses d’espoir. Les possibilités d’optimisation s’étendent à de nombreux  domaines, tels que  l’urbanisme, l’agriculture, et  la santé, ou les progrès récents ont amélioré l’efficacité et la précision de ces technologies. 

Cependant, l’IA n’est pas exempte de  limites et de  risques. Ses implications en termes de  consommation énergétique, d’impact sur l’emploi, ainsi que  les défis liés à l’éthique et à la gouvernance numérique doivent être scrupuleusement évalués pour éviter qu’elle contribue à la  pollution ou à l’exacerbation des inégalités.

En conséquence, bien que l’Iintelligence artificielle ait le potentiel de révolutionner radicalement le développement durable, son déploiement doit être réalisé de manière responsable et réglementée. Un dialogue international entre chercheurs, entreprises, gouvernements et citoyens est nécessaire pour s’assurer que cette révolution technologique bénéficie véritablement à l’humanité tout en préservant notre planète. Il serait ainsi possible de penser et partager les bonnes pratiques et politiques s’appliquant à l’IA. Ainsi, des labels pourraient en garantir la transparence et une taxation verte sur les centres de données peut être mise en place pour faciliter une utilisation durable, par exemple.

Edité par Sofia Germanos

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *