La poussée de l’extrême droite aux élections européennes

La poussée de l’extrême droite aux élections européennes

Les accords fondateurs de l’Union européenne ont été signés le 25 mars 1957 avec le Traité de Rome, ayant pour but la création d’une entité politique réunissant les États européens à des fins économiques, diplomatiques et culturelles. Depuis, l’Union européenne s’est affirmée dans ses institutions telles que la Commission européenne ou le Parlement européen. En s’étant illustrée dans la coopération économique avec des accords de libre-échange et une monnaie commune, ainsi que par une coopération exceptionnelle lors de la pandémie de COVID-19, ou encore par des projets culturels/éducatifs tels que le programme Erasmus, l’Union européenne est une institution cruciale pour le quotidien de millions d’habitants qui a des répercussions directes sur leur quotidien.

Tous les cinq ans, dans les 27 pays membres de l’Union européenne, les citoyens sont invités à voter pour des députés. Selon leur bord politique, ces députés forment différentes coalitions, en accord avec les nuances politiques européennes. Par exemple, le groupe Renew Europe inclut le parti Renaissance en France, soutenu par le président Emmanuel Macron. Les Chrétiens-démocrates regroupent des partis de centre et de droite libérale, tels que celui de l’ancienne chancelière Angela Merkel et de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, toutes deux issues de l’Union chrétienne-démocrate d’Allemagne (CDU). Enfin, l’un des principaux groupes est celui des Sociaux-démocrates, comprenant des partis comme Podemos et le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) en Espagne, ou le Parti socialiste français. Ainsi, ces élections sont souvent source de débats dans les pays européens en raison de leur nature supranationale, engendrant des discussions et des polémiques.

Ces dernières années, on observe un désintérêt marqué pour les élections européennes, illustré par une abstention flagrante dans quasiment tous les pays environ 52 % d’abstention. De plus, selon les pays, des sentiments très pro-européens ou, au contraire, très méfiants à l’égard de l’Union européenne se manifestent dans les discours. Historiquement, la Belgique et l’Allemagne participent beaucoup aux élections européennes, avec environ 85 % de participation, signalant une véritable croyance envers les institutions européennes et une promesse d’efficacité de ces dernières.

En revanche, des pays tels que le Portugal ou la Grèce enregistrent approximativement 35 % de participation. Ces différences accrues expriment généralement soit une méfiance à l’égard des politiques européennes et de leur impact, soit une réelle confiance et un engagement. La moyenne européenne se situe quant à elle à 50 %, c’est-à-dire qu’un citoyen européen sur deux se déplace pour aller voter. Ce résultat, qui est assez stable depuis des années, témoigne d’un avis très mitigé quant à la question européenne, tant les perceptions des institutions de Bruxelles diffèrent à travers la zone définie.

Les dernières élections de juin 2024 ont su attirer l’attention des analystes politiques et des journalistes européens notamment sur deux sujets cruciaux : le taux record d’abstention mentionné précédemment et la poussée de l’extrême droite menant ainsi à la résurgence des mouvements européens à caractère patriotique, voire nationaliste. Ces deux éléments combinés ont ainsi été la cause de rebondissements surprenants concernant la restructuration politique de certains pays, avec en ligne de mire la dissolution de l’Assemblée nationale française.

Les deux groupes de la droite radicale devraient renforcer leur présence dans l’hémicycle à Strasbourg : Conservateurs et réformistes européens (ECR), qui comprend des partis comme les Fratelli d’Italia, Vox en Espagne ou encore Reconquête en France, ainsi qu’Identité et démocratie (ID) où siègent notamment le Rassemblement national (RN) français, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) et la Lega Nord italienne. La montée de l’extrême droite en Europe suscite des inquiétudes aussi bien qu’elle ravit une partie de la population désireuse de voir évoluer certains sujets clés de la campagne politique. Ces partis, souvent qualifiés d’extrême droite ou de droite radicale, partagent une orientation conservatrice et mettent en avant la préservation d’une identité nationale, qu’ils considèrent comme essentielle à la cohésion et aux traditions du pays. En Italie, par exemple, le parti Fratelli d’Italia, dirigé par l’actuelle Première ministre Giorgia Meloni, adopte une position hostile envers les personnes LGBT. En Espagne, le parti Vox affiche une méfiance prononcée et un désir de régression concernant des sujets tels que l’avortement. Un autre sujet central pour ces partis est la préférence nationale, c’est-à-dire la priorité accordée aux citoyens nationaux en matière d’emploi, de services et de logement. Un thème qui rassemble largement ces partis est le lien perçu entre immigration et sécurité. Cef narratif d’extrême droite préconise un renforcement des moyens et de l’armement de la police ainsi qu’un contrôle accru des frontières méditerranéennes. Tous ces partis expriment également une forte aversion pour l’agence européenne Frontex, qu’ils considèrent comme inefficace ou contraire à leurs objectifs de contrôle strict de l’immigration. Cependant, leur politique économique varie : certains sont très populistes, prônant des aides contre l’inflation, tandis que d’autres prônent des politiques libérales, comme la privatisation du service public. Par exemple, en France, l’économie est un des sujets de scission entre le RN et Reconquête.

Cette poussée est décriée par le peuple de gauche de tous les pays, qui prône un barrage républicain pour contrer ces idéaux qu’ils estiment dangereux pour l’Union européenne ainsi qu’au niveau national. En France, ces résultats bien qu’anticipés, ne l’étaient pas à cette échelle, ce qui a conduit le président Emmanuel Macron à dissoudre l’Assemblée nationale, c’est-à-dire à convoquer de nouvelles élections législatives afin de conférer un choix aux Français pour rétablir une politique nationale perçue comme légitime, au vu du score historique du RN, qui arrive en tête des élections européennes en France.

C’est ainsi un temps de restructuration politique des partis en France, dans le but de se retrouver possiblement dans une situation de cohabitation, où l’Assemblée nationale aurait une majorité politique différente du parti du président.

 

Édité par Jeanne Arnould

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