L’hypocrisie Américaine dans son Discours Environnemental
Aerial view of Off shore oil rig stock photo Offshore Platform, Drilling Rig, Alaska - US State, Crude Oil, Sea Crédits de la photo: "Aerial view of Off shore oil rig Cook Inlet Alaska in Winter photograph taken March 2007"

L’hypocrisie Américaine dans son Discours Environnemental

Quel est le plus grand défi auquel est confrontée notre génération ? Le changement climatique.

En raison de l’accroissement des émissions de gaz à effet de serre dues à l’activité humaine, la température moyenne de la planète a augmenté de manière significative au cours des dernières décennies, entraînant de graves impacts sur l’environnement, l’économie et la santé humaine. Si nous ne prenons pas rapidement des mesures pour réduire notre empreinte environnementale et nous adapter aux changements climatiques déjà en cours, les conséquences pourraient être catastrophiques pour les générations futures. Une des manières de lutter contre ce fléau serait d’élire un gouvernement qui prend en compte les enjeux environnementaux dans leurs réformes et décisions. Mais que se passe-t-il lorsque ce même gouvernement brise ses promesses et donne la priorité aux gains économiques ?

 

Lors des dernières élections américaines, le président Joe Biden a promis de faire de la lutte contre le changement climatique une priorité de son administration. Il a proposé un certain nombre de réformes environnementales pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et protéger les ressources naturelles du pays. Un article de la revue scientifique ‘Nature’ a noté que le plan climatique de Biden était “l’un des programmes électoraux les plus ambitieux jamais proposés par un candidat américain à la présidence“. Biden promit d’investir 2 milliard de dollars dans l’énergie propre et les infrastructure à faible émission de carbone, avec l’ambition de se passer complètement de l’électricité produite de fossiles combustibles d’ici 2035. En outre, il promit de rejoindre l’accord de Paris que Trump avait quitté lors de son mandat. Plus encore, le 20 février 2020 il déclarait : « Plus de forages pétroliers sur les terres fédérales. […] C’est un désastre de faire cela dans l’Arctique, un grand désastre ».

Il est clair que les jeunes électeurs américains ont pris note de l’engagement de Biden envers la protection de l’environnement. En effet, les électeurs âgés de 18 à 29 ans ont voté en faveur de Biden à des taux historiques, partiellement en raison de sa promesse de lutter contre le changement climatique. Bien qu’il ait effectivement réintégré les États-Unis dans les accords de Paris le 20 janvier 2021, il trahi la confiance des jeunes électeurs en signant le projet de forage en Alaska, le « Willow Project » le 13 mars 2023.

Lancé par l’entreprise américaine d’extraction de pétrole ConocoPhilips, le « Willow Project » est le plus grand projet d’extraction pétrolier au sein de la Réserve nationale de pétrole d’Alaska, et s’étend sur une zone de plus de neuf millions d’hectares : cette superficie représente trois fois la Belgique. Cette région représente l’une des zones les plus prometteuses des États-Unis pour l’extraction du nouveau pétrole, mais elle sert également d’un habitat indispensable pour les ours polaires, des dizaines de milliers de caribous et d’oiseaux aquatiques en migration. Sept milliards de dollars seront investi afin de produire 180 000 barils de pétrole par jour pour environ 30 ans. Cela représente 40% de la production pétrolière actuelle de l’Alaska. En tout, trois sites de forage ont été autorisé, ce qui devrait éventuellement se traduire par environ 119 puits d’extraction.

Le projet Willow est extrêmement néfaste pour l’environnement. Le projet générera 239 millions de tonnes d’émissions de CO2 durant ses 30 ans d’exploitations. En comparaison, les États-Unis ont produit en 2020 l’équivalent de 5,9 milliards de tonnes de CO2, selon l’Agence Américaine du Protection de l’Environnement (EPA). L’analyse environnementale a également révélé que ce projet libérerait du carbone noir (pM2.5), qui a des effets toxiques sur la santé des membres des communautés vivant à proximité de la source de pollution. Plus encore, l’infrastructure nécessaire à assurer le fonctionnement du projet et le transport du pétrole sera gigantesque : 199 puits de pétrole 89,6 miles d’oléoduc, de nombreuses routes, ponts, rampes de mise à l’eau, une piste d’atterrissage, une installation centrale de traitement ainsi qu’un site d’extraction de gravier. Toutefois, la création de ces voies d’accès et la modification du paysage qui en découle pourraient avoir des répercussions négatives sur la faune, notamment en perturbant les modes de migration des caribous, des loups et de milliers d’espèces d’oiseaux qui vivent dans les zones humides du lac Teshekpuk. Ces espèces considèrent cette région comme un sanctuaire vital -il s’agit d’un des habitats les plus importants écologiquement en Arctique – surtout compte tenu du fait qu’elles sont confrontées au risque d’extinction.

Le « Willow Project » impacte non seulement la faune et la flore, mais aussi une communauté autochtone qui vit à proximité. En effet, le village de Nuiqsuit s’est progressivement retrouvé encerclé de site d’exploitation pétrolière au cour des dernières années. Les membres de cette communauté se sont trouvés confrontés à des défis tels que la perte de terres traditionnelles de chasse et de pêche, la pollution de l’air et de l’eau, la fonte des glaces, ainsi que des risques pour leur santé et leur sécurité. Le maire de la ville de Nuiqsuit, Rosemary Ahtuangaruak, a exprimé son inquiétude quant à l’impact de ce projet sur les caribous et le mode de vie des membres de la communauté. Le projet Willow va affecter l’accès aux ressources alimentaires des populations indigène. Le troupeau de caribou du lac Teshekpuk est une source essentielle d’alimentation à la communauté Nuisquit. L’extraction d’huile et de gaz empêchent l’accès des caribous à leur nouriture et empoisonne les poissons du lac.

      La justification avancée par l’administration Biden pour cette décision est qu’elle aura un impact positif sur l’emploi en créant environ 2800 postes et qu’elle contribuera à générer des revenus importants pour le gouvernement, à hauteur de 8 à 17 milliards de dollars. Plus encore, ceux qui encouragent ce projet affirment que l’exploitation du pétrole en Alaska permettra aux États-Unis de disposer d’un approvisionnement énergétique national fiable afin de limiter la dépendance du pays et de ses alliés à l’égard de fournisseurs de pétrole souvent soumis à des régimes autoritaires et à une faible réglementation environnementale.

       Cependant, il est important de noter que les effets à court-terme économiques de ce projet ne valent pas la dévastation de l’environnement qui aura un impact perpétuel sur la planète. L’approbation du projet Willow aura sans aucun doute un impact négatif sur les États-Unis sur la scène climatique internationale. Il s’agit d’une période où les dirigeants mondiaux doivent agir de toute urgence pour réduire les émissions de carbone. Le reste du monde ne peut pas se permettre de subir les conséquences cette tragique erreur que serrait cette décision des États-Unis.

      Il est temps pour les citoyens de s’engager contre ce projet en utilisant tous les moyens à leurs disposition, tels que des campagnes de sensibilisation sur les réseaux sociaux comme #StopWillow, des dons à des organisations à but non lucratif comme Earthjustice et Wilderness Society, ou en s’impliquant activement dans les efforts soutenus par ces organisations. En effet, il en va de la santé de notre planète, qui est bien plus importante que les considérations liées à l’emploi ou aux revenus. C’est le moment d’agir pour protéger notre environnement et préserver l’avenir de notre planète pour les générations futures.

 

Édité par Jeanne Arnould

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