La récente grève féministe en Islande et ses révélations sur l’égalité entre hommes et femmes
Crédits de la photo : « L’inégalité des salaires en Islande » par Elena Leontiou, publiée le 25 novembre 2023. Aucune modification effectuée.

La récente grève féministe en Islande et ses révélations sur l’égalité entre hommes et femmes

Ce 24 octobre 2023, la première ministre islandaise affirmait au quotidien islandais Iceland Monitor ne pas aller au travail et attendre que toutes les femmes du pays fassent de même. L’objectif de la première ministre Katrín Jakobsdóttir est de montrer au reste du monde que, malgré sa dénomination en tant que modèle de l’égalité hommes et femmes, l’Islande reste un pays marqué par des inégalités de genre. 

Un combat toujours actuel

Le mouvement de solidarité qui a eu lieu à la mi-octobre, visant à lutter contre les discriminations faites aux femmes, a été une opportunité pour Katrín Jakobsdóttir, la première ministre islandaise, de montrer que les inégalités salariales sont inacceptables. Ce mouvement féministe appelé « kvennafri », ou « journée de congé des femmes », est réitéré chaque année depuis 1975 et a marqué les esprits de beaucoup, puisqu’en a découlé l’élection de la première femme présidente islandaise. En moyenne, les Islandaises gagnent 21% de moins que leurs homologues masculins. De plus, 40% d’entre elles ont déjà été victimes de violences sexuelles en raison de leur genre.

Le soutien de la première ministre à la grève porte une forte symbolique. Elle donne de la crédibilité au mouvement et montre la solidarité d’une personne officielle aux femmes islandaises. 

La journée de grève a pour but de paralyser la société afin d’attirer l’attention du gouvernement sur l’existence perpétuelle de ces inégalités. Au total, ce sont des dizaines de milliers de femmes et de personnes non binaires qui se sont rassemblées pour cette grève, cataloguée comme la plus importante dans le pays depuis près d’un demi-siècle. Environ 90% des femmes et personnes non binaires islandaises ont refusé de travailler, mettant en pause le pays pour la journée. Entre autres, la manifestation rassemblait des infirmières, des professeures, des pêcheuses, et bien d’autres professions encore. L’objectif final était d’éliminer définitivement les inégalités salariales. Pour cela, les activistes réclamaient la publication officielle des écarts salariaux entre hommes et femmes, surtout dans les professions à prédominance féminine, afin de démontrer publiquement les différences et inégalités auxquelles elles sont confrontées.

Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), comparativement au reste du monde, l’écart salarial entre hommes et femmes en Islande est plus important qu’en Belgique et en Italie. Cependant, il serait plus faible qu’aux États-Unis, Japon, Allemagne et Grande-Bretagne. L’Europe reste la région du monde avec la plus grande disparité salariale, selon le rapport du Forum économique mondial.  

Que nous dit l’Islande à l’échelle mondiale dans le combat contre les inégalités de genre

L’Islande se trouve en première position en matière d’égalité des genres. Cependant, pour la 14e année consécutive, les femmes « gagnent toujours 21% de moins que les hommes » et « plus de 40% d’entre elles ont subi des violences sexistes ou sexuelles », indique le quotidien britannique.

Si le bilan numéral est prometteur, la présence d’une grève d’une telle ampleur souligne la persistance des inégalités salariales ainsi que des violences sexuelles que les femmes islandaises affrontent. Il est inquiétant pour le combat féministe de réaliser que même le pays considéré comme un modèle d’égalité entre hommes et femmes se bat toujours pour des inégalités qui diminuent peu depuis 14 ans.

La grève a permis de sensibiliser le public et de faire prendre conscience que même le « modèle » de progrès social en termes d’égalité n’est pas parfait. Souvent pris en exemple et mis sur un piédestal pour ses politiques sociales, l’Islande, comme tout autre pays, doit toujours se mobiliser pour atteindre la parfaite égalité des genres.

Édité par Natacha Soto

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