Les médias, souvent considérés comme les gardiens de la vérité, prétendent opérer avec une objectivité inébranlable. Pourtant, derrière cette façade d’impartialité se cache une réalité plus nuancée, où la manipulation de la perception des utilisateurs devient monnaie courante. Cette manipulation s’articule principalement autour de l’usage stratégique des mots. Chaque terme, chaque expression choisie dans le reportage médiatique n’est pas neutres; ils portent avec eux des connotations, des sous-entendus, influençant subtilement la manière dont une histoire est reçue et interprétée par le public. Cette pratique soulève des questions cruciales sur la responsabilité des médias dans la société moderne et leur rôle dans la formation de notre compréhension du monde.
Cette manipulation devient particulièrement évidente lorsqu’il s’agit de traiter des récents crimes de guerre à Gaza. Dans ce contexte, l’utilisation sélective des mots par les médias joue un rôle crucial dans la façon dont ces événements sont perçus à l’échelle mondiale. Cette divergence dans le choix des mots n’est pas anodine; elle reflète et renforce les diverses idéologies et perspectives politiques.
La couverture médiatique des événements de Gaza illustre comment la langue peut être utilisée pour orienter l’opinion publique. L’utilisation de termes comme « conflit » par opposition à « massacre » ou « agression » peut minimiser la perception de la responsabilité et de l’intentionnalité dans les actions commises. Cette formulation évite d’attribuer le blâme à un parti ou à l’autre, maintenant l’illusion que la violence est symétrique. Il ne s’agit pas de sous-estimer l’atroce réalité vécue par les civils israéliens, notamment ceux ayant enduré l’enlèvement ou le meurtre de leurs proches par Hamas. Il s’agit plutôt de souligner que le tragique massacre de milliers de Palestiniens est en train d’être minimisé, voire occulté, au sein d’une guerre médiatique.
De même, la représentation des victimes et des agresseurs est souvent filtrée à travers un prisme linguistique qui peut soit humaniser soit déshumaniser les parties impliquées. En effet, la violence destructrice et mortelle est souvent masquée par des termes tels qu’ « opérations », « campagnes », « offensives », « stratégies », « cibles » et « phases ». Le problème avec l’objectivation de la violence, c’est qu’elle implique qu’elle est autogène et déresponsabilise l’acteur de ces brutalités, les politiciens qui la commandent. Ainsi, elle détourne le projecteur de la perspective la plus importante de ces événements : les victimes palestiniennes tuées, blessées, endeuillées, déplacées et traumatisées par les actions cruelles de dirigeants israéliens.
Si la manipulation des mots dans les médias est déjà préoccupante, ce qui est encore plus alarmant est le shadowbanning des plateformes médiatiques. Des utilisateurs du monde entier, incluant des auteurs, des militants et des journalistes, ont accusé les géants des médias sociaux de censurer ou de réduire activement la portée du contenu pro-palestinien. Par exemple, des publications contenant des hashtags comme #FreePalestine et #IStandWithPalestine, ou exprimant du soutien aux civils palestiniens, auraient été cachés par les plateformes. Certains individus ont même signalé que des termes comme « terroriste » apparaissaient à côté de leurs biographies sur Instagram, ce qui a été admis et corrigé par Meta comme une erreur de traduction. Cette situation n’est pas nouvelle; un rapport indépendant commandé par Meta a révélé que l’entreprise avait déjà affecté négativement les droits humains des utilisateurs palestiniens, notamment en matière de liberté d’expression et de participation politique.
Des groupes de défense des droits civils tels que « 7amleh » ont documenté des centaines de cas de censure pro-palestinienne, signalant un effort disproportionné ciblant le contenu lié à la Palestine, tandis que la narrative officielle israélienne bénéficie d’une plus grande liberté, étant souvent exempte de ces restrictions. Des initiatives ont été prises pour contourner ces restrictions, comme la création de sites qui modifient l’écriture des mots pour éviter la censure en ligne. La nécessité pour les entreprises de reconnaître leur rôle crucial en maintenant un flux d’informations constant vers et depuis la Palestine est absolument essentielle pour sauver des vies et atténuer l’impact des droits humains que la censure pourrait avoir.
Ainsi, la couverture médiatique occidentale des récents événements à Gaza dévoile une différence frappante dans le traitement des victimes civiles des deux côtés. Elle tend souvent à souligner l’immoralité des crimes commis envers les victimes israéliennes tout en minimisant celle des victimes palestiniennes tuées au seins de bombardements incessants. Cette représentation asymétrique, influencée par des biais culturels et historiques enracinés dans l’antisémitisme et l’islamophobie, manifeste une censure évidente des opinions qui humanisent les Palestiniens. Ce calcul culturel atroce, qui exige une condamnation unilatérale et représente la tragédie palestinienne en termes passifs face à l’individualisation de la tragédie Israélienne, est un reflet fidèle des limites sociétales imposées au journalisme et de la nécessité d’une réflexion éthique approfondie dans les pratiques journalistiques contemporaines. Il est donc de la responsabilité du journalisme de rapporter les faits avec précision, tout en tenant compte que les origines d’une victime ne peuvent leur arracher leur humanité, une humanité qui nous interpelle collectivement dans notre quête commune de la vérité et de la justice.
Édité par Jo-Esther Abou Haidar
As a double major in Political Science and Cultural Studies, my interests lie at the intersection of politics, humanities, and the arts. Growing up in Lebanon and experiencing significant political upheavals has fueled my desire to bring unique perspectives to the table through my writing. With a deep passion for understanding the complexities of our world, I aim to produce articles that contribute to important conversations surrounding politics, culture, and society.