« Un projet parallèle à leur génocide à Gaza » : voici comment l’écrivain Raja Farah, mieux connu sous son pseudonyme @ohmyhappiness, décrit les offensives d’Israël dans le sud du Liban. Cette phrase capte l’essence de la situation : les frappes israéliennes au Liban ne sont pas simplement un prolongement de leur politique, mais aussi un épisode largement occulté du drame régional. Cette dimension du conflit reste obscure pour beaucoup, en partie à cause d’une couverture médiatique qui, par omission ou minimisation, laisse des victimes sans voix et des atrocités sans répercussion.
Dans ce contexte, les actions menées par Israël à Gaza ont atteint un tel niveau d’atrocité, qu’elles éclipsent encore plus la douleur au Liban. Les 843 victimes des attaques aériennes israéliennes entre le 8 octobre 2023 et le 13 février 2024, dont 177 morts, semblent reléguées au rang de notes de bas de page dans la conscience collective. Cette mise en perspective tragique souligne une dévaluation alarmante de la vie humaine arabe dans le discours global. Si les horreurs documentées à Gaza ne parviennent pas à ébranler le monde, alors les morts au Liban risquent de n’être perçues que comme une triste statistique supplémentaire. Ce constat amer met en lumière une désensibilisation face à l’injustice et la souffrance, appelant à une réévaluation urgente de notre compassion et de notre engagement envers toutes les victimes de conflit.
Quelle est donc la véritable situation sur le terrain?
Depuis le début des affrontements entre Israël et le Hamas le 8 octobre 2023, les tensions entre Israël et le Hezbollah dans le sud du Liban ont escaladé, atteignant un niveau inégalé depuis la guerre de 2006. Suite à l’attaque du Hezbollah contre trois positions israéliennes dans les fermes de Chebaa le jour suivant le 8 octobre, des échanges réguliers de tirs d’artillerie et de frappes aériennes entre les deux camps s’intensifient de part et d’autre de la frontière. Ceci a poussé des dizaines de milliers de civils à fuir: plus de 87 000 personnes ont été déplacées du sud du Liban et 80 000 du nord de l’Israël . Plus encore, les frappes israéliennes ont suscité des inquiétudes quant à la stratégie d’Israël de rendre le sud du Liban inhabitable pour les civils afin de créer une zone tampon de sécurité.
La mort d’un dirigeant adjoint du Hamas dans une frappe de drone à Beyrouth a marqué une escalade considérable, avec des craintes croissantes que la violence à Gaza se répandent dans la région. Et pour la première fois depuis la guerre de 2006, les avions israéliens ont bombardé l’est du Liban, ciblant spécifiquement une zone près de Baalbek. Il s’agit d’un bastion du Hezbollah dans la vallée de la Bekaa, à environ 100 km de la frontière avec Israël. Au moins deux personnes ont été tuées lors de ces frappes qui visaient un convoi de camions. L’armée israélienne a indiqué que ces attaques répondaient au lancement d’un missile sol-air qui avait abattu un drone israélien plus tôt dans la journée.
Du côté israélien, la récente attaque de Safed et la mort d’un jeune soldat israélien a poussé une majorité d’Israéliens à soutenir une opération militaire à grande échelle au Liban pour dissuader le Hezbollah. Le Ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a averti d’une escalade des attaques au Liban, indiquant une stratégie militaire israélienne plus agressive, avec moins de retenue dans les frappes contre les zones civiles.
Les attaques israéliennes ne se limitent pas au sud du Liban, s’étendant également à la Syrie. Le 21 février 2024, des frappes aériennes israéliennes ont tué deux personnes dans la capitale syrienne, Damas, ciblant le quartier de Kafr Sousa, proche d’un complexe sécurisé. Ces attaques contre la Syrie, en plus de celles au Liban, soulignent une stratégie régionale plus large d’Israël, visant des positions qu’Israël considère comme liées à l’Iran et à ses alliés, dans le contexte d’un conflit qui s’est intensifié depuis octobre 2023.
La portée multidimensionnelle des attaques israéliennes reste largement sous-évaluée sur la scène internationale. L’expansion de ces attaques suscite des interrogations cruciales : jusqu’où iront-elles? Un cessez-le-feu pourrait-il mettre un terme à cette escalade? Ces questions soulèvent des préoccupations profondes quant aux véritables objectifs et à l’ampleur des plans des différents acteurs de la région.
Dans un contexte de tensions et de tragédies qui se superposent, l’escalade des violences entre Israël et ses voisins du sud du Liban et de la Syrie dessine un tableau complexe et douloureux de la situation actuelle au Moyen-Orient. Au cœur de ces conflits, les actions d’Israël soulèvent des questions profondes sur les stratégies régionales, les implications humanitaires et les perspectives de paix. Les attaques révèlent une dynamique de pouvoir et d’influence qui dépasse les frontières nationales, englobant des enjeux géopolitiques majeurs liés à l’Iran et à ses alliés. Face à l’ampleur des souffrances et des déplacements forcés de populations, l’appel à une prise de conscience internationale et à un engagement renouvelé pour la justice et la paix devient plus pressant que jamais. La quête d’une solution durable au conflit, capable d’assurer la sécurité et la dignité de toutes les communautés impliquées, reste un impératif urgent dans un Moyen-Orient qui rêve de stabilité.
Édité par Jo-Esther Abou Haidar
As a double major in Political Science and Cultural Studies, my interests lie at the intersection of politics, humanities, and the arts. Growing up in Lebanon and experiencing significant political upheavals has fueled my desire to bring unique perspectives to the table through my writing. With a deep passion for understanding the complexities of our world, I aim to produce articles that contribute to important conversations surrounding politics, culture, and society.